Partager :

Économie rurale

Les activités agricoles

L’agriculture constituait la principale source de revenus mais les méthodes de culture ne donnaient que des rendements médiocres : longtemps les labours, peu profonds, se pratiquèrent à l’araire en bois avec des boeufs pour unique force motrice.

L’élevage du mouton, surtout à laine, constitue désormais la source de revus la plus importante à Chaudon-Norante. Il ne reflète pas la réalité historique ancienne de cette sorte d’élevage, qui se limitant dans la seconde moitié du 19e siècle, sinon à quelques têtes, à une moyenne maximale de deux, trois voire quatre dizaines pour les plus gros élevages, quand les moyennes tournent aujourd’hui autour de plusieurs centaines de têtes, sans toutefois cacher la quasi disparition du nombre d’exploitation d’élevage. La baisse sensible au tournant du 20e siècle illustre le déclin rural. L’élevage caprin complémentaire désignant généralement la pauvreté du propriétaire. Chaque famille pouvait disposer en sus de quelques chèvres, d’un ou deux cochons, faisait de l’élevage de poules et de lapins, et plus rarement possédait un mulet voire un cheval pour les travaux des champs et le transport de charges. L’élevage bovin, marginal pour la production laitière, reste cantonné à la période de la Seconde Guerre mondiale. Le relief a imposé certains aménagements structurels tels que des murs de soutènement (ainsi à l’est du village de Norante, où le dénivelé est important), pour retenir la terre, mais aussi pour servir, ponctuellement, d’enclos pour les troupeaux.

L’économie rurale s’appuyait jusqu’au tournant du 20e siècle essentiellement sur les cultures céréalières (blé et orge principalement) dans des zones où l’irrigation n’était pas une préoccupation majeure. La production fruitière (prunes en premier lieu jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, mais aussi pommes, poires et pêches ; amandes jusque dans les années 1930 et noix en quantité plus restreinte à Norante, alors que Chaudon possédait de nombreux noyers) constituait des compléments de revenus très substantiels dans un système de cultures en complantation, afin d’optimiser le rendement. La vigne était aussi cultivée, fournissant un vin de médiocre qualité principalement destiné à la consommation familiale. Les cultures sèches étaient bien sûr présentes (lentilles, pois chiches, haricots) et servaient, au même titre que les productions issues des jardins potagers à la consommation personnelle, donc peu consommatrices de terres cultivables. Le surplus de blé était vendu, ainsi que quelques autres produits locaux, parfois « travaillés » comme les fruits séchés, ou bénéficiant d’un attrait ciblé mais très lucratif, comme la lavande. Nous y reviendrons. Les prés de fauche, destinés au fourrage pour les bêtes, se répartissent aujourd’hui sur les terres arrosables (Asse et système d’irrigation par canaux d’arrosage).

Plus que de spécialités de quartiers il convient de parler de zones de cultures spécifiques pour Chaudon-Norante. Les natures de culture en 1838 étaient précisément réparties. Ainsi les céréales occupaient 85 % des terres labourables de la commune. L’exposition à l’adret, sur les coteaux expliquait la présence de vignes. Il n’en reste rien aujourd’hui. Si la culture céréalière perdure de manière limitée autour de Chaudon, la polyculture vivrière a entièrement périclité, et la fameuse prune de Norante n’est plus qu’un souvenir, de même que la poire « certeau » autrefois cultivée à Chaudon et destinée à la confiserie. Les arbres ont tous disparus ou presque, souvent arrachés, alors que les versants à l’adret présentaient encore des vergers de pommiers, poiriers (à Chaudon), pruniers (à Norante), noyers (Chaudon) et amandiers à la veille de la Seconde Guerre mondiale. C’est désormais l’élevage ovin qui domine, avec ses bergeries, ses pacages à Chaudon et ses prés de fauche au bord de l’Asse, à Norante.

Tout un système économique complémentaire a ainsi sombré. Les fruits frais étaient mis à sécher dans des séchoirs (également appelés « secaï) dont disposait chaque habitation ou presque à Norante, alors qu’ils étaient moins présents à Chaudon, dans la mesure où les vergers étaient essentiellement concentrés autour de Norante et sur la pente jusqu’à Chaudon. La prune surtout marque ce type de culture. On ne saurait assez souligner l’importance, historiquement avérée de ce fruit, aux variétés diverses, dont la reine – la « perdigone » - a fait la réputation de la vallée d’Asse, sous la forme des pistoles (fruit dénoyauté, pelé, écrasé pour lui donner une forme caractéristique de pièce puis séché sur des claies la plupart du temps en osier), que François Ier avait mis à l’honneur à la cour de France, bientôt imitées par celles de l’Europe entière. Si bien que les vergers de pruniers investissaient littéralement les bords de l’Asse de Blieux à Barrême, parfois jusqu’au pied des montagnes. La production a périclité dès l’entre-deux-guerres. Chaudon-Norante, pourtant réputé pour son eau-de-vie de prune, n’y a pas échappé, et la variété dite « prunière » n’est plus qu’un souvenir.

S’ajoutait la lavande, qui connut son apogée dans la zone bas-alpines entre 1900 et 1950 pour décliner peu à peu jusqu’à extinction de son « exploitation » sur la zone à la fin des années 1970. D’abord cultivée sous sa forme sauvage dans des baïassières, elle fut remplacée par le lavandin, qui assurait une production plus importante mais dont la distillation procurait une essence de moindre qualité, moins concentrée. La commune était partie prenante du phénomène, par ailleurs très lucratif, mais n’a pas versé dans la culture du lavandin. Les agriculteurs se contentaient de récolter la « fine » sur les versants alors dépourvus de végétation arborée (buis et genêts) de la Barre de Chaudon. Certains exploitants disposaient de leur propre alambic mais la commune n’avait pas de distillerie fixe à proprement parler.

Les activités artisanales et pré-industrielles

On dénombre trois moulins, deux à eau et farine et un à huile. Chaudon disposait de l’un et de l’autre : le moulin à huile de noix (actuelle parcelle A 379) a été complètement transformé mais il subsiste la pierre à l’intérieur. Le moulin à farine est situé en contrebas de la route aménagée à la fin des année 1930 (départementale 20) près du pont franchissant le ravin de la Coueste sur la route de Norante. Il n’en reste que des ruines. Norante possédait un moulin à eau et à farine entièrement détruit à proximité du hameau du Château.