Les travaux d’Edouard Baratier sur la démographie provençale permettent de dresser un état des lieux de la population de Chaudon-Norante (incluant Bédejun), dès l’enquête comtale de 1278 (chiffres à partir de 1315), mais pas de l’ensemble des hameaux ou quartiers séparément, puisqu’ils relevaient de la même entité religieuse et administrative. Chaudon-Norante a toujours été une commune modeste au regard des communes « importantes » relevant du diocèse de Senez, ce que les chiffres démographiques confirment sur la durée. Le maximum est atteint à la fin du premier tiers du 19e siècle (694 habitants en 1821), ce qui constitue peut-être une datation précoce par rapport au phénomène général de baisse démographique et d’exode rural. On observe certes une légère reprise ensuite (600 habitants en 1841) avant une décroissance continue jusqu’au milieu des années 1970 et une légère remontée depuis. La commune rassemble aujourd’hui 190 habitants (données INSEE 2020). La fluctuation entre 1821 et 1851 où l’on passe respectivement de 694 habitants en 1821 à 600 à 1831, puis à 651 en 1841 et enfin à 558 en 1851 doit correspondre à des événements internes à la commune car on ne le retrouve pas dans les autres communes alentours.
Chaudon-Norante (et avant Chaudon-Bédejun), par ailleurs, ne présente pas une disposition en hameaux : les écarts y sont peu nombreux. La baisse constante de population est enrayée depuis la fin des années 1970. En moins d’un quart de siècle, la population a quasiment doublé, passant de 76 habitants à 145 (entre 1982 et 2006), ce qui s’explique en partie par l’accueil de jeunes actifs qui travaillent dans les bassins d’emplois relatifs que sont Saint-André-les-Alpes et Digne. On notera que cet accroissement profite quasi exclusivement au village de Norante situé le long de la route Digne-Nice ; Chaudon, en retrait, isolé et en altitude (1000m), périclite inexorablement. Quant à la Clappe, elle ne comporte que quelques habitants, même si les rares bâtiments ont été restaurés ou reconstruits. Déjà en 1883 on ne dénombrait plus que 60 résidents pour l’ensemble de la commune : la Clappe n’était donc plus guère qu’un hameau en phase de décroissance accrue. La Première Guerre mondiale porta le coup de grâce : le 15 mars 1914 on procéda à la vente du mobilier de l’ancienne école, finalement cédé à la commune d’Entrages, et quelques jours avant l’armistice, le 26 octobre 1918, le maire de Chaudon-Bédejun demandait officiellement au sous-secrétaire d’Etat à l’Education, via une délibération du conseil municipal, l’autorisation de désaffecter l’église paroissiale de la Clappe qui ne célébrait plus de cérémonie depuis le début des hostilités.
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