La commune est en réalité constituée de trois communes originellement autonomes : Chaudon, Bédejun et Norante. Dès le Moyen Age Chaudon s’est vu adjoindre la communauté de Norante et en 1908 celle de Bédejun (en réalité La Clappe, tel qu’il apparaît sur le cadastre napoléonien levé en 1838, Bédejun n’étant qu’un lieu-dit sans vocation d’agglomération). Le décret du 28 janvier 1919 a procédé au changement de nom de la commune de Chaudon-Bédejun en celui de Chaudon-Norante, ce dernier village, largement développé entre-temps, avait en effet atteint des proportions équivalentes à celles de Chaudon, quand Bédejun déclinait inexorablement. L’actuelle commune de Chaudon-Norante était autrefois possession de l’abbaye Saint-Victor de Marseille, avant de devenir fief des Oraison et des Castellane.
Napoléon fit une halte à la Clappe à son retour de l’Ile d’Elbe, lors des Cent Jours. Il venait de Barrême par Saint-Jacques et franchit pour ce faire le col de Corobin (1211m).
Des trois villages disposés sur chacune des anciennes communes (Bédejun avec la Clappe, Chaudon et Norante), la bascule s’est opérée du haut (La Clape, Chaudon) vers le fond de la vallée de l’Asse (Norante) dans la seconde moitié du 19è siècle. L’agriculture constituait la principale source de revenus mais les méthodes de culture ne donnaient que des rendements médiocres : longtemps les labours, peu profonds, se pratiquèrent à l’araire en bois. L’économie rurale s’appuyait jusqu’au tournant du 20è siècle essentiellement sur les cultures céréalières (blé et orge principalement) dans des zones où l’irrigation n’était pas une préoccupation majeure, et sur l’élevage ovin. La production fruitière (prunes en premier lieu jusqu’à la seconde Guerre mondiale, mais aussi pommes, poires et pêches ; amandes jusque dans les années 1930 et noix en quantité plus restreinte à Norante, alors que Chaudon possédait de nombreux noyers) constituait des compléments de revenus très substantiels dans un système de cultures en complantation, afin d’optimiser le rendement. On cultivait aussi modestement la vigne et la lavande sauvage représentait un revenu d’appoint fort recherché entre la fin du 19è et la première moitié du 20e siècles. On dénombrait en 1838 trois moulins sur la commune, deux à eau et farine (un à Chaudon et à Norante) et un à huile (Chaudon). Il n’en reste rien.
On trouve au lieu-dit Château Plus Haut les ruines d’un gros édifice mentionné sur le cadastre ancien (1838 C3 23, actuellement C4 262) de plan rectangulaire (environ 17 m sur 8) qui a dû être une maison forte (1,40m d’épaisseur à la base des murs, 60 cm pour les murs de refend) et qui existait déjà au 18e siècle, peut-être avant, mais pas antérieure selon toute vraisemblance à l’époque moderne. Le bloc initial a été scindé par des murs intérieurs en trois unités de dimensions similaires d’environ 6 à 78 m de côté dont le bloc occidental a dû servir en soubassement d’étable, de remise et de cuve à grains. Perchée sur un éperon rocheux à 1100m d’altitude, la construction domine en à-pic le village de Norante et cette partie élargie de la vallée de l’Asse. Il n’en reste que des ruines et certaines portions d’élévation indiquent qu’elle comportait trois étages avec une grande hauteur sous plafond pour les niveaux 1 et 2. Une importante citerne souterraine creusée dans la roche et aux parois maçonnées et lissées l’alimentait en eau (5,4m de longueur, 4 m de largeur, 3,20 m de hauteur, soit environ 70 m3 de contenance).
En retrait et position légèrement dominante sur le même éperon subsiste les restes bien conservés de ce qui semble avoir servi de donjon de plan carré, dont les murs montés en moellons calcaire tant bien que mal assisés semblent indiquer une mise en oeuvre au 15ème voire 14ème siècle : les moellons de petit et moyen appareil, pas toujours correctement équarris, s’élèvent sur une hauteur inférieure à 5 m, avec meurtrière sur le massif occidental, c’est-à-dire en direction du danger potentiel. Ce donjon était prolongé au sud-est, vers la maison forte, par un mur en grande partie ruiné aujourd’hui et s’établissait au-dessus d’un chemin apparemment creusé dans la roche sur son flanc sud. En contrebas, toujours au sud quelques traces impossibles à identifier fermement attestent d’une présence pérenne. Cet ensemble désigne semble-t-il l’ancien emplacement du castrum de Norante, avec des vestiges du début de l’époque moderne (le donjon). L’histoire veut que Jean-Antoine Riquetti, oncle de Honoré Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau, représentant du Tiers-Etat pour la commune d’Aix-en-Provence en 1789 et mort en 1791, se mariât dans ce « château » en 1708 avec une certaine Françoise de Castellane…
Norante dispose d’un autre « Château », en bordure de route départementale, en réalité une solide bâtisse qui remonte au 18e siècle.
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